
Avant de sortir cet article, j’ai longuement hésité. Si, si vraiment. Les grains d’argent, les pelloches à changer toutes les 36 poses, des films en attente de développement qui s’accumulent un peu partout, du révélateur spécifique pour chaque émulsion… Renier l’argentique en somme? JAMAIS! Alors quoi, pourquoi le numérique? Bonne question.
J’aurais pu intituler ça « Idées reçues sur la photographie numérique », ou encore « Pourquoi je suis passé au numérique », seulement voilà, c’est pas le cas. Car je ne passe pas à la photographie numérique. C’est beaucoup plus compliqué que ça.
10 bonnes raisons de passer au numérique
Pourque cela soit plus drôle et de façon à illustrer le combat intérieur que j’ai vécu, je vais mettre le tout en forme à la manière d’un dialogue entre Pacôme (pro-numérique) et Adélard (pro-argentique). Vous allez suivre?
- Pacôme : les photos ne coûtent pas cher, on n’agrandit que les meilleures. (quand on sort une épreuve)
Adélard : Ok, mais le prix du matos? On est pas du genre à utiliser le compact de tatie Huguettte j’te rappelle ! - P. : C’est carrément plus simple: tu te prends pas la tête avec une pelloche! Pas de traitement chimique, rien!
A. : Non, mais du traitement numérique, des notions nouvelles qui n’existent pas en argentique et complexes à appréhender. - P. : Bah au moins sur une carte tu change pas de pelloche toutes les 5 minutes.
A. : Ok, 1000 photos sur une carte, c’est tout petit et ça prends pas de place. L’argument et valide. ( et de 1) - P. : Tu vois tes photos tout de suite, tu sais si elles sont bonnes!
A. : Ha bon, un écran de 500,000 px te permet de juger d’un fichier de 14MP? (Tout ça sans rentrer dans le débat du visionnage à 100% pour vérifier la qualité de l’image…) - P. : Ouais bon, au moins, les photos tu peux les voir partout les échanger, le jpeg, ça va vite.
A. : Noob. Du jpeg… LOL, comme tu dis. Je croyais m’adresser à un amateur averti. Et le format RAW? (Le NEF, c’est pour les boulets) Et le RAW, tu le « développes » avant de pouvoir en faire quelque chose. #highclass #travailletesimages #pro #noobsmustdie - P. : Ouais, mais si, je suis un noob et j’assume! je peux les voir partout, et quand je veux!
A. : En théorie. les 1000 photos de ta carte, tu les regardes une fois en les déchargeant. (Et encore) Et ensuite? Elle plombent ton disque dur sans jamais être revisionnées. Ta femme ne fais même plus d’album avec les meilleurs clichés… - P. : Pas de risque d’abîmer ton négatif…
A. : Non, risque de perdre ton image sur un disque dur quelconque quitte à un virus. Ou simplement un effacement accidentel. Un négatif, c’est un objet, un vrai, c’est physique. Détérioré, il peut encore servir. Un fichier détérioré, c’est adieux. Snif? - P. : En numérique, tu peux retravailler tes images comme tu veux ,faire des montages, toussa!
A. : Attend, t’es photographe ou digital artist? Et puis, les retouches, ça se fait aussi en argentique, on a pas attendu le numérique pour ça. Après si tu veux faire sourire tatie Huguette sur les 1200 photos du mariage de la cousine Pénélope, libre à toi. On se revois dans 2 mois? - P. : Ouais, mais je peux mettre mes photos en ligne tout de suite!
A. : 14Mp, ça va ramer au chargement… Heureusement que la plupart des plateforme de blog on des procédure de compression des images pour un affichage rapide… - P. : Eh ben sur mon appareil, je peux changer certains réglages que toi tu peux pas sur ta pellicule!
A. : Depuis quand tu ne shootes plus en auto? (moi médisant? Nooooooooon. Ça ne s’est pas encore vu?). La sensibilité, je veux bien, mais sérieusement, la température de couleur tu t’en sers ? (Tu devrais pourtant.) Un film ne dure que 36 poses au pire (ou au mieux) et on peux toujours pousser un pelloche… (cf article sur le traitement poussé). Le chat pousse un melon dans l’eau, ton argument est invalide. (geek référence)
P. : Mais, euh! Pourquoi t’es méchant?
A. : Méchant, non, tristement réaliste…
Ok, j’ai grossi les traits. Mais en cette époque de l’information à grande vitesse, on ne regarde plus les photos et les images qui nous entourent de la même manière. Sollicité de toutes part, notre esprit sature et ne digère plus toutes ces photos. Ça va vite et il faut que ça continue à s’accélérer. En argentique (faisons fi du coût de la pelloche) on prend le temps de réfléchir à son image, car on sait qu’on ne pourra pas la contrôler tout de suite. Potentiellement, on peut ne pas avoir d’image du tout.
Alors? Pour, contre? Bien au contraire ! Ce portrait du numérique au vitriol n’est pas un rejet total, simplement un constat de choses entendues (et vécues) ici où là. Ce n’est qu’une technique. L’argentique n’est qu’une technique également. Elles ont… devraient avoir en commun la réflexion sur l’image qu’on produit/capture. Tout ça pour dire que quitte à se mettre à la photo, c’est loin d’être con de commencer par un peu d’argentique.
Et n’oubliez pas : « brûlez du film ! »